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Intérieurs
Intérieurs - texte - Mélissa Bertrand - théâtre - marionnette - girafe - masque

Neuf figures féminines se passent la parole comme un relais pour faire émerger leurs univers intimes, hauts en couleurs et souvent décalés. Bribes de pensée, instants de bascule ou perceptions singulières se succèdent dans ces monologues-portraits.

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Intérieurs a été écrit par Mélissa Bertrand en 2019. Le texte est lauréat du festival d'écriture dramatique contemporaine "Mange ta grenouille", 6ème édition. Dans ce cadre, il est traduit en Tchèque par Natálie Preslová et mis en espace par Linda Dušková à Prague en mai 2020 (cette version est disponible en captation avec sous-titres en français). La pièce est mise en lecture à l'automne 2021 à l'Entrepont par le CRR de Nice, la compagnie Grain de Sable en collaboration avec le TNN.

Intérieurs est publié en 2022 aux Editions du Carnet d'Or dans une version illustrée.

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Cinq des neufs monologues sont adaptés en 2024 sous forme de fiction radiophonique par Joan Tauveron. Les épisodes sont disponibles sur YouTube.

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Sur la photographie : premières explorations de mise en scène par Mélissa Bertrand avec la comédienne Noémie Herubel lors d'une résidence à la Nef - Manufacture d'Utopie (Pantin)

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Photographies de la mise en espace par Linda Dušková dans la galerie.

©  J.oan Tauveron

Mélissa Bertrand - Autrice Metteuse en scène - Compagnie de l'Archée
Interview de l'autrice et metteuse en scène, Mélissa Bertrand pour le festival "Mange ta grenouille", 6ème édition.

"La plupart de ses personnages sont des femmes et les hommes incarnent souvent l’institution ou le pouvoir patriarcal. « Je me suis rendu compte qu’il y avait assez peu de personnages féminins dans les œuvres théâtrales, ou qu’ils étaient souvent cantonnés à des rôles stéréotypés dans l’image de la féminité, » dit l’auteure et metteuse en scène française Mélissa Bertrand qui a fondé sa propre compagnie, l’Archée. Elle est en même temps en études doctorales en arts du spectacle à La Sorbonne Nouvelle de Paris où elle étudie la rencontre entre le corps et la matière dans le théâtre contemporain. La 6ème édition du festival Mange ta grenouille présentera en forme d’esquisse-vidéo son texte Intérieurs. Ces confessions de dix femmes différentes, à la limite de l’équilibre mental, seront mises en scène par Linda Dušková et interprétées par Anežka Rusevová.

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Le monde est en train de traverser une période assez spéciale, avec de fortes répercussions dans le domaine de la culture. Comment faites-vous face à ce défi et est-ce que cela peut avoir des conséquences plus générales pour le théâtre et l’écriture dramatique ?
Il y a plusieurs enjeux, et je pense que cela dépend du niveau d’avancement dans la carrière artistique de chacun-e. Une jeune compagnie n’a pas exactement les mêmes problèmes à traiter qu’une compagnie très reconnue. La première chose, qui est commune à tout le monde, est le travail de réorganisation : essayer au maximum de reporter les événements prévus ou les périodes de résidence alors même que les structures culturelles sont dans le flou. Ensuite, il faut essayer de maintenir un lien avec les professionnel-le-s du théâtre et avec son public, cela dépend évidemment de la notoriété de la compagnie. Enfin, et cela est primordial, il y a la question de la créativité pendant la période de confinement. Pour ce qui est de l’écriture dramatique, elle a l’avantage d’être nomade. Personnellement, j’ai davantage de temps pour m’y consacrer mais il faut aussi réussir à être dans l’état d’esprit adéquat, ce qui n’est pas évident lorsque tout est en arrêt et qu’un climat anxiogène règne autour de nous. En même temps, l’écriture, et l’imagination plus généralement, sont une belle échappatoire.

Concernant les conséquences, le milieu de la culture sera gravement affecté par cette crise sanitaire. Il sera plus difficile de trouver des lieux qui achèteront les spectacles. Les artistes doivent s’attendre à une plus grande précarité.

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Vous avez créé votre propre compagnie de théâtre, pour laquelle vous écrivez des textes que vous mettez ensuite en scène. Comment votre collectif fonctionne-t-il et quels sont les avantages et les limites de cette méthode de travail ?
Dans ma compagnie, l’Archée, nous avons une structure à la fois hiérarchisée, au sens où chacun-e a son rôle ou son statut, et une volonté d’être sur un pied d’égalité. L’Archée a été essentiellement créée pour que je puisse y écrire et mettre en scène mes propres textes. Mais autour de ça, il y a beaucoup de collaborations fructueuses : avec Jóan Tauveron, qui compose des ambiances sonores sur mesure pour mes spectacles ; avec Isabelle Boizard, plasticienne qui crée des costumes, des marionnettes ou des éléments de scénographie ; avec Noémie Herubel, comédienne talentueuse et très imaginative avec qui je travaille régulièrement en duo ; avec Jason Abajo, qui m’accompagne dans mes démarches administratives ; et plus récemment avec Antoine Gautier, notre créateur lumière qui propose des éclairages uniques et radicaux pour mettre en valeur nos spectacles. L’idée est vraiment celle d’un dialogue à tous les niveaux de la création. J’aime penser chaque spectacle comme un navire dans lequel nous embarquons ensemble, l’essentiel est que chacun-e y trouve son compte, apporte sa créativité pour que quelque chose de nouveau émerge, même si c’est moi qui guide l’équipe et le projet.

Les limites sont peut-être plus d’ordre administratif. Le système français a beaucoup d’avantages, mais le statut des intermittent-e-s est complexe et la forme associative, que choisissent la plupart des compagnies, n’est pas adaptée à la réalité administrative et à la gestion d’une compagnie.

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Dans vos textes, on rencontre principalement des protagonistes femmes, qu’y a-t-il d’intéressant pour vous sur l’écriture à propos des femmes ? Existe-t-il quelque chose comme un théâtre pour femmes ?
Effectivement, quasiment tous mes personnages sont féminins et les hommes incarnent souvent l’institution ou le pouvoir patriarcal, d’une manière directe ou plus implicite. C’est quelque chose qui m’est venu naturellement mais qui s’est ensuite consolidé comme un choix. Je me suis rendu compte qu’il y avait assez peu de personnages féminins dans les œuvres théâtrales, ou qu’ils étaient souvent cantonnés à des rôles stéréotypés dans l’image de la féminité. Très peu de pièces seraient capables de passer le « test de Bechdel », un test visant à évaluer la présence féminine dans les œuvres en répondant aux questions : y a-t-il au moins deux personnages féminins dans l’œuvre ? Est-ce qu’ils parlent ensemble ? Si oui, est-ce d’autre chose que d’un homme ? Il y a une urgence à ce qu’il y ait de nouvelles écritures par et pour les femmes. L’art doit pouvoir être un lieu d’expression indépendant du genre, et pour y parvenir, nous (les femmes) devons le réinvestir pleinement. C’est aussi le cas pour d’autres identités oppressées : les personnes racisées, non-valides ou LGBT+… Je ne dis pas que cela doit nécessairement paraître de manière didactique dans les œuvres ou qu’il faut faire un théâtre essentiellement militant, mais que tout le monde doit pouvoir exprimer sa voix, proposer son esthétique, car les femmes sont créatives et ont des visions du monde toutes aussi singulières et originales que les hommes. Elles doivent pouvoir créer, en ou sans militer, juste créer.

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Vous êtes également théoricienne en arts du spectacle, est-ce que cela influence votre écriture pour le théâtre ?
Oui, il y a des liens évidents entre la recherche et la création, notamment au niveau des temporalités : des temps d’errance, des temps où l’on récolte des informations et des données dans le cas de la recherche ou des impressions et des sensations dans le cas de la création, puis des temps d’activité, de mise à l’épreuve, de confrontation à des publics… La recherche me permet d’assouvir une certaine curiosité et de découvrir sans cesse de nouvelles esthétiques qui m’inspirent consciemment ou inconsciemment.

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Est-ce que vous avez déjà eu la possibilité de rencontrer le théâtre tchèque ou l’art tchèque en général ?
Non, j’ai parfois l’impression que la France est très centrée sur elle-même, et que nous aurions à gagner à découvrir d’autres cultures d’un point de vue artistique, mais pas seulement. Et je m’inclue pleinement dans cette critique. Je suis plus que ravie de participer à « Mange ta grenouille », justement pour avoir un aperçu du théâtre tchèque et j’ai hâte de découvrir comment Linda va s’approprier mon texte. Ce sera une belle expérience."

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